Le sang des Juifs qui a coulé en France a marqué notre pays; il appelle repentance et réparation. Bien qu’elle n’en soit pas seule coupable, il y eut des périodes dans son histoire où la France joua un rôle prépondérant dans la persécution du peuple de Dieu.
Hélas, l’Eglise va jouer un rôle majeur pour susciter l’animosité antisémite.
Histoire
Au Moyen-âge, la souffrance des Juifs s’est intensifiée à cause de l’Eglise. Lors du déclenchement des Croisades (en France au Concile de Clermont), le pape Urbain II (un Français) a affirmé que ceux qui luttaient contre les « ennemis de Dieu » accomplissaient une œuvre religieuse. On leur promit comme récompense l’annulation de toute pénitence pour les péchés. Il y avait alors en France un mouvement puissant d’enthousiasme religieux et des milliers ont répondu à cet appel. « On voyait des signes » dans le ciel… des pluies d’étoiles filantes, l’approbation de Dieu !…
Il s’en suit une forte persécution des Juifs en France. Au cours de ce qu’on appelle souvent le « premier holocauste », des milliers de Juifs ont fui à l’étranger ou subi une « conversion » forcée en choisissant le baptême au lieu de la mort.
L’armée des croisés, qui comptait surtout des chevaliers français et normands, s’est mise en route vers la Terre Sainte. Son voyage a commencé par le massacre de nombreux Juifs dans la vallée du Rhin, certes commis par des dissidents marginaux… Lors de la capture de Jérusalem, elle détruisit la synagogue et tua tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur, tout cela au nom du Christ dont elle portait le signe de la Croix sur les tuniques !
Cent ans après, le Concile essaiera d’arrêter ces conversions forcées, mais les Juifs furent obligés de porter un signe jaune caractéristique, qui empêchait les contacts avec des chrétiens*. Ils risquaient constamment des agressions et étaient obligés d’habiter des quartiers séparés des autres. Ces « ghettos », comme on les appelait, ont été cloisonnés par des murs et des portails et restaient fermés à clé pendant la nuit. Lors de la Semaine Sainte, on interdisait aux Juifs de sortir pendant trois jours.
Tout au long du XIIIème et du XIVème siècle, de nombreux Juifs furent expulsés de France. En l’an 1348, lorsque la peste a emporté presque le tiers de la population de l’Europe, plusieurs ont accusé les Juifs d’avoir mis du poison dans les puits des chrétiens. Par représailles, un quart des Juifs a trouvé la mort. (La peste est arrivée en fait de Chine, en passant par un comptoir génois en Crimée). La plupart des survivants ont été expulsés en l’année 1353. Quarante ans plus tard, Charles VI expulse les derniers Juifs : l’histoire des Juifs en France s’arrête quasiment pendant quatre cents ans.
Rejetés de France, d’Espagne, du Portugal et d’Angleterre, Ils partirent en Pologne, en Russie, en Ukraine et en Turquie où ils fondèrent de grandes colonies.
Suite à la Révolution de 1789. La promesse de « Liberté, Egalité, Fraternité », puis la protection de Napoléon ont persuadé beaucoup d’entre eux de venir en France, où ils constituèrent une minorité très importante juste avant la deuxième guerre mondiale.
Pendant la deuxième guerre mondiale…
Le comportement envers les Juifs pendant la deuxième guerre mondiale a laissé une tache durable dans la conscience française. Dés l’occupation allemande en 1940, des mesures discriminatoires contre les Juifs sont instaurées. Les déportations commencent en juillet 1942. D’abord à Paris où la population juive est interpellée par la police parisienne et non par les soldats allemands. En deux jours, plus de 13 000 juifs sont emmenés à la « solution finale ». Même en France libre, le gouvernement de Vichy enlève aux Juifs leurs droits et déporte un grand nombre d’entre eux (75 à 85000 selon les sources) dans les camps de concentration.
* les nazis ne l’ont pas inventé ! Saint-Louis (Louis IX), qui voulait faire de la France une grande nation chrétienne (la « fille ainée de l’Eglise »), imposa le port de la rouelle – sur la poitrine- pour les hommes (petit cercle d’étoffe jaune, couleur de l’or… symbole du péché/argent !…), et d’un bonnet spécial pour les femmes. Il fit un procès au Talmud (commentaire de la bible hébraïque) qu’il fera brûler sur la place publique.
Les Juifs de France, aujourd’hui
La France compterait aujourd’hui environ 600 000 Juifs : c’est la plus importante minorité juive de tous les pays d’Europe occidentale. Beaucoup d’Ashkénazes (de culture et de langue yiddish) sont arrivés d’Europe centrale entre les deux guerres ; ils ont été suivis par les Séfarades (juifs des pays méditerranéens) venus d’Afrique du Nord après la décolonisation, et qui constituent la majorité des Juifs de France.
Les principales grandes villes où vivent les Juifs sont Paris et l’Ile de France avec 50% de la population juive de France, Marseille (40 synagogues), Lyon (35 synagogues), Nice, Toulouse et Strasbourg (2000 familles selon le consistoire du Bas Rhin dont 60% d’origine Ashkénazes, plus de 30 synagogues).
NB : de nombreux Juifs ne pratiquent qu’épisodiquement le judaïsme et ne se réclament d’aucune obédience. Ainsi le Consistoire de Paris regroupe environ 30 000 membres, soit 10% de la population juive d’Ile de France.
Le grand-rabbin de France représente toujours le judaïsme vis-à-vis des autorités quand il faut traiter de religion, mais le CRIF (Conseil Représentatif des Juifs de France) est l’interlocuteur des autorités sur le plan politique comme en témoigne le dîner annuel du CRIF où la République se fait représenter ces dernières années par le premier ministre ou même par le président de la République depuis 2008.
La France est-elle antisémite ?
Il est difficile de répondre à cette question, à laquelle certains accordent beaucoup d’importance. En effet, la confusion est grande aujourd’hui entre antisémitisme, antijudaïsme, antisionisme, anti-Israël… et il y a un consensus pour dire que l’antisémitisme est condamnable : donc « on n’aime pas/il ne faut pas » se dire ou se reconnaître antisémite. Les enquêtes se ressentent de ces confusions de tous ordres.
« Il y a plus de Juifs qui quittent la France en 2010 qu’en 2007, même si le chiffre de l’immigration des Juifs français en Israël a légèrement tendance à baisser. De plus, l’immigration a changé : ce sont maintenant des jeunes adolescents, des jeunes adultes qui n’ont pas encore commencé leur carrière professionnelle, qui remplissent les rangs de la nouvelle immigration. Ceux avec qui je parle ont tous le même discours : « nous ne pouvons plus marcher dans la rue avec une kippa sur la tête, c’est risqué ». Les synagogues sont gardées par des policiers armés et munis de gilets pare balles, ainsi que les écoles juives. Résultat, dans les écoles juives justement, près de 100% des élèves voient leur futur en Israël, au grand désarroi de nombreux parents qui ne veulent pas quitter la France. Certains parents vont même jusqu’à renoncer à inscrire leurs enfants dans une école juive de peur que ceux ci, en parlant avec leurs petits copains, attrapent le « virus ». » (Source : drzz.info du 08-09-2010)
Si les chiffres montrent une progression nette des actes antisémites (sur des personnes ou des lieux), d’autres études pondèrent ce niveau général inquiétant d’un antisémitisme de France, et développent au contraire l’idée d’une plus grande tolérance de la société. Chaque année, le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur « le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie » pointe un recul constant des opinions ouvertement hostiles aux minorités, y compris à la minorité juive.
Dans le rapport de 2009, la CNCDH précise même que «90% de la population (soit +2 points par rapport à 2008) considère queles Français juifs sont des Français “comme les autres”». Ce « niveau le plus bas » des opinions antisémites s’expliquerait par « le renouvellement générationnel, la hausse du niveau d’études et la diversité croissante de nos sociétés ». (Source : Slate.fr du 23-02-2011)
« Il n’y a pas d’antisémitisme d’Etat en France » mais « la France est le pays où les Juifs sont aujourd’hui les plus exposés au danger antisémite ». C’est ce qui ressort du Rapport de l’Agence Juive sur l’antisémitisme en 2010.
Si les actes antisémites sont en légère régression, le Rapport indique par contre que l’hostilité à l’Etat d’Israël est en forte hausse, et que les vecteurs principaux en sont les organisations pro-palestiniennes, les mouvements d’extrême gauche et des Verts, ainsi hélas que des organisations ou personnalités israéliennes qui suscitent ou cautionnent la délégitimation d’Israël à travers le monde.
Ainsi, les 90 organisations qui ont déposé plainte pour «crimes de guerre» devant la Cour Pénale Internationale, quant à l’offensive israélienne à Gaza, sont essentiellement françaises.
Une forte communauté musulmane. Le rapport précise qu’« il n’y a pas d’antisémitisme d’Etat en France, mais la présence d’une forte communauté musulmane dans ce pays est à l’origine d’une montée en puissance de l’antisémitisme d’origine arabo-musulmane, qui fait que ce pays est aujourd’hui devenu l’un des plus dangereux pour les Juifs dans le monde libre! »
La corrélation directe entre une présence d’une forte communauté arabo-musulmane dans un pays et l’intensité des actes antisémites est également établie par le Rapport qui précise « que les violences verbales, physiques ou contre des biens sur fond d’antisémitisme ethnico-religieux sont désormais le lot quotidien en Europe ».
En France, si idéologie et politique se mêlent parfois, n’oublions pas la mauvaise intégration sociale et économique des jeunes «beurs». Ils n’hésitent plus à manifester leur ressentiment en attaquant des synagogues ou des Juifs, et justifient leur haine par : «Ils ont tout, et nous, rien», «ils ont le pouvoir et l’argent»…
Fantasmés à la fois comme «riches», «puissants», «racistes», et «méchants» parce qu’ils «tuent leurs frères palestiniens», les Juifs redeviennent des boucs émissaires.
L’Agence Juive se dit « très inquiète » du fait « que de plus en plus, des groupes musulmans, aidés par des organisations pro-palestiniennes, tentent d’instiller une idéologie inspirée par le nazisme et diffusent dans la population européenne de nouvelles versions des thèmes de l’antisémitisme classique ».
(Source : israel7.com du 23-01-2011)
En 1995, le Président Chirac a demandé publiquement pardon pour la participation française dans l’holocauste.
Depuis 1993, le 16 juillet (rafle du Veld’hiv) -ou le dimanche- qui suit est déclaré journée de commémoration nationale des actes racistes et antisémites de l’Etat Français. En 2000, la loi ajoute un hommage aux « Justes » de France.
Aujourd’hui pour autant, malgré des prises de positions officielles catholiques, protestantes et parmi les politiques, l’antisémitisme (parfois décliné en antisionisme ou antijudaïsme) s’accroche aux consciences. Même les chrétiens de France n’arrivent pas à se positionner clairement au quotidien, empêtrés dans une confusion où se mêlent religion, foi et politique avec au centre des pensées, les débats autour d’Israël.
Côté Catholiques. En 1997, les évêques ont demandé pardon à Dieu et aux Juifs, reconnaissant que, des siècles durant, l’Eglise avait suscité des sentiments antisémites et avait été à la base de tout ce qui s’est exprimé, de façon si violente, durant l’holocauste. En se taisant lors de ces actes si atroces, ils ont reconnu que l’Eglise devait assumer la responsabilité de ce qui s’est déroulé par la suite. Mais le 20 mars 2011, au nom de l’Eglise catholique, Mgr Vitus Huonder, Evêque de Coire (Suisse) a dû déclarer : « Devant la réalité effective qui fait que l’antisémitisme s’est de nouveau fortement propagé ces dernières années, l’Eglise ressent encore une fois le besoin d’en appeler à la solidarité avec le peuple juif. »
Côté Protestants. Relations Judéo-Chrétiennes du 12-01-2008 rappelle qu’en 1973, la commémoration du 500ème anniversaire de la naissance de Luther donna l’occasion d’évaluer et de rejeter les perspectives antisémites du réformateur : « l’antijudaïsme théologique, séculaire, n’a plus droit de cité dans les grandes Églises protestantes», même si la question de l’État d’Israël, continue de créer des difficultés dans les rapports entre Juifs et Protestants et « a beaucoup de mal à être abordée de manière non émotionnelle, rationnelle et raisonnable».
Côté Juifs. Pour la première fois en 70 ans -le 25 avril 2010– un grand rabbin de France s’est rendu à Vichy, capitale du régime collaborationniste du maréchal Pétain. Ce dimanche-là, Journée des déportés, Gilles Bernheim a rendu hommage aux Français ayant caché des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
C’est une visite à très haute portée symbolique. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un grand rabbin de France est allé se recueillir à Vichy, qui devint en 1940 la capitale de l’Etat français du maréchal Pétain.
Anecdote ? Au cours d’un « micro trottoir » demandant aux personnes combien il y avait de Juifs en France, les réponses allaient de 10 000 à 30 millions !… avec le commentaire : « ils sont partout » !….
Espérance. En 2008, l’année de la célébration des 60 ans de l’Etat d’Israël a été une année remarquable dans la restauration des relations entre nos deux pays, avec :
– Le salon du livre centré sur la culture israélienne.
– La visite en Israël de N. Sarkozy, au cours de laquelle il a utilisé des citations bibliques étonnantes.
… Mais « l’ami d’Israël » a du mal à ne pas être donneur de leçons.
En 2010, un préfet a été nommé pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme.
En 1998, Catherine Brown avait publié une vision reçue de Dieu sur la France et les Juifs. La France était un bloc de glace, et le Père pleurait sur notre pays en disant: « la France meurt à cause de son manque d’amour et de son rejet de SION ». Sa conclusion était : « Je crois que lorsque la repentance des péchés commis par les pères sera faite et que la nation française recevra le cœur du Seigneur pour les enfants d’Israël, il y aura un déversement massif du Saint-Esprit (symbolisé par la glace fondante, les « grandes eaux » apportant la Vie et la Restauration) ».
Rappelons-nous des Justes de France (qui ont sauvé de nombreux Juifs de l’holocauste). Ils brillent comme un héritage précieux surgi des années sombres, et demeurent source de méditation et d’inspiration pour nos vies.