Accueillir
Terre millénaire d’accueil, la France est toujours convoitée: terre touristique, ou terre d’exil pour des populations en errance.
Aimée par les étrangers. La France est toujours la 1ère destination touristique mondiale, même si en termes de recettes, elle n’est qu’à la 5ème place. Cela souligne la forte attractivité de notre pays, sur le plan géographique et culturel, mais aussi l’insuffisance de notre prise de conscience sur ce qui fait notre richesse, et qui devrait nous inciter à mieux accueillir pour retenir davantage ceux qui nous visitent. Des efforts décisifs sont encore nécessaires en investissements divers: certes des infrastructures… mais aussi des sourires, de la gentillesse et de l’humilité, signes d’une hospitalité sans arrière pensée. Or les touristes soulignent nos manques et les regrettent.
La France et les étrangers. Cette ambiguïté se révèle dans notre relation aux étrangers en général: nous avons besoin de guérir des peurs et de repliements sur soi, mais aussi de formes d’hostilité et d’arrogance qui sont -peut-être ?- la très mauvaise réponse à notre histoire chahutée. Hélas, des réalités douloureuses passées et contemporaines nous enferment trop souvent dans cette schizophrénie nationale de l’accueil/rejet de l’autre.
D’immigrés à « migrants », toute une histoire. Terre d’immigration, la France « chrétienne » a connu des vagues plutôt heureuses d’immigration, jusqu’à la venue massive de populations arabo-musulmanes qui n’ont pas vécu l’intégration. Les exceptions existent, mais le choc culturel est là, comme un problème social et politique diversement interprété et décliné, mais toujours actuel. En fait, un grand sujet de tensions et de clivages qui persiste et menace constamment la cohésion nationale.
L’Église et les chrétiens, un modèle responsable devant la société. Il est commun de reconnaître que les chrétiens devraient manifester « l’accueil de l’étranger », et qu’ils le font le plus souvent. Mais là encore les étrangers « migrants » en grand nombre (majoritairement musulmans), sont un sujet de divisions, certes sur un mode « feutré » mais bien réel. Car la question demeure, pour toute la société en général: jusqu’où aller dans l’accueil? Et l’Église n’a pas toujours la réponse.
Accueillir aussi notre identité. Ce doit être le point focus de l’Église pour vivre notre condition de chrétiens « suiveurs de Christ ». Plus nous entrerons dans cette identité, plus notre pays reviendra dans son identité sans la combattre, en l’assumant joyeusement.
Car nous ne sommes ni américains, ni allemands, ni chinois… mais français. Ni mieux ni moins bien: différents, avec une culture propre, forte, bimillénaire. Certes nous devons regarder en face nos défauts, et travailler à les corriger, mais surtout pas en se fixant dessus. Car l’identité que Dieu nous a donnée n’est pas dans nos péchés.
Alors l’étranger ne sera plus « un problème » à résoudre mais un défi pour aller de l’avant, sans tiraillements, avec une direction claire de ce qui est le meilleur pour tous, dans le respect de la dignité de chacun. Une utopie? Non, un chemin à emprunter et à parcourir avec le Seigneur de la vie.
PRIONS